mercredi 1 janvier 2014

Préface

Bienvenue sur Carpe Diem Anthologie !

  Nous allons aborder, à travers 7 poèmes et leurs illustrations respectives, le thème de "carpe diem " ou "profiter de l'instant présent ". Nous avons choisi ce sujet car nous l'avons récemment traité en cours de français mais également en cours de latin. Mais ce thème est avant tout notre philosophie de vie , notre façon de voir les choses et nous vous invitons a réfléchir sur ce style de vie a l'aide cette anthologie poétique.  Préférez-vous vous morfondre et vous apitoyer sur votre sort plutôt que de profiter de la beauté de la nature qui nous entoure ? La vision épicurienne de la vie permet une totale plénitude ainsi que d'être en accord avec soi-même. C'est pour quoi nous vous recommandons de poursuivre la lecture de ces poèmes , ( il faut remonter jusqu'au début du blog ) classés par ordre chronologique, du plus ancien au plus récent, dans le but de montrer qu'il ne s'agit pas d'un sujet nouveau.  Horace est le fondateur et le précurseur de l'épicurisme , et vous constaterez que l'incitation à vivre l'instant présent a survécu au fil des siècles. Elle est encore présente au XXI siècle , et dans tous les pays comme le prouve le dernier poème anglais. Nous avons choisi une poésie étrangère pour montrer l'aspect cosmopolite de l'expression "carpe diem".

  Notre point de départ sont les deux premiers poèmes, "carpe diem" et "mignonne allons voir si la rose" qui nous ont fortement inspirés lors des cours. Puis nous avons cherché des poèmes similaires, ayant le même point de vue et/ou des éléments récurrents.

  Nous avons associé chaque poème a une image, la plupart étant des photographies. Nous tenons à préciser que nous avons réalisé les photos nous-même, et que nous en sommes donc les propriétaires. La première image est une photo d'un livre regroupant de nombreuses citations incitant au bonheur, "carpe diem" y était inscrit ce qui prouve que c'est une philosophie menant au bonheur.
  Ensuite, la seconde prouve que la beauté est éphémère,à travers l'évolution de la rose. La rose a fané, elle a vieilli, tout comme Cassandre vieillira également un jour.
  "Nous verrons". Avez vous déjà prononcé ces deux mots pour reporter une tâche au lendemain ? Par peur du lendemain ou simplement par manque d'envie ? Cependant la vie passe vite et l'on grandit sans s'en rendre compte. Cette photographie compare également deux étapes de la vie, l'enfant devient vite adulte, la raison pour laquelle il doit profiter de l'instant présent et ne pas reporter au lendemain ce qu'il pourrait accomplir immédiatement. C'est donc la raison pour laquelle nous avons choisi ce poème : Ne reportez pas les choses, vivez-les dès a présent, nous n'avons qu'une seule vie ! 
  Puis le "Ballet des heures" est un poème qui invite à l'ivresse de la vie, de plus le thème de la rose revient. Il s'agit là d'un écho à notre poème de départ "Mignonne allons voir si la rose". Lecteur, cette poésie illustre clairement de quel manière il faudrait vivre, lisez-la donc avec attention ! Nous l'avons associée à une photo d'un verre de vin qui représente l'ivresse de la vie notamment dans le vers " Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines".  
  Le poème "Conseil" a été sélectionné pour plus ou moins les mêmes raisons. Nous retrouvons l'expression " Cueillez", cueillir la vie , cueillir l'instant avant qu'il ne disparaisse. Le thème de la nature en outre, est très présent. Nous avons opté pour une photo d'évolution une fois de plus, une bougie allumée et "neuve" contre une bougie consumée qui vient de s'éteindre comme le montre la fumée autour de la mèche. La première photographie représente le vers "Dès l’heure éblouissante où le matin paraît", la flamme dégage une lumière très forte, "éblouissante". Mais cette lumière tout comme la vie est éphémère. 
  Nous pouvons regrouper les deux derniers poèmes. "Seize the day" signifie " Saisir le jour", le titre est presque le même pour l'autre : " Saisir l'instant". Ces poèmes nous montre que chaque moment est à prendre, à vivre à 100%. Il ne faut pas se soucier des problèmes que l'on peut rencontrer, non; il faut se souvenir des gens que l'on aime avant de redevenir à l'état de poussière, comme l'illustre l'image pour "Seize the day". L'image de l'avant dernier poème quant à elle, et en anglais, elle montre en quelques sortes les "règles" simples pour accéder au bonheur, et mener une vie épicurienne paisible. 

                                                   
                                                     Bonne lecture à tous !


"Seize the day" J.Erwin Boak

SEIZE THE DAY

Live each day as if it were your last

I tell you dear friend time is running so fast

All of us would one-day return to dust

I know it's hard to accept but we must

.

Tell the people you love about the way you feel

Give them a hug and show them love that is real

Say sorry to those you offended so wounds would heal

Accepting your faults is not really a big deal

.

Do it now and don't tarry lest it be too late

Sometimes it's not wise for the right time to wait

Because your plans could be ruined by fate

If you do it now you would feel really great

.

Smell the pretty flowers, listen to birds singing so gay

Enjoy the beauty of nature give yourself time to play

Remember on this earth we can't forever stay

So I tell you now is the time, go ahead and seize the day


.

Copyright © 2006 John Erwin Boak

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Cette image illustre le vers "All of us would one-day return to dust
" , littéralement "nous retournons à l'état de poussière."
 John Erwin Boak est un poète philippino-américain sur lequel nous ne trouvons aucune information. Cependant la mention Copyrights nous laisse penser qu'il s'agit d'un poème authentique. 




"Saisir l'instant" E. Granek

"Saisir l'instant"

Saisir l’instant tel une fleur

Qu’on insère entre deux feuillets

Et rien n’existe avant après

Dans la suite infinie des heures.

Saisir l’instant.


Saisir l’instant. S’y réfugier.

Et s’en repaître. En rêver.

À cette épave s’accrocher.

Le mettre à l’éternel présent.

Saisir l’instant.

Saisir l’instant. Construire un monde.

Se répéter que lui seul compte

Et que le reste est complément.

S’en nourrir inlassablement.

Saisir l’instant.


Saisir l’instant tel un bouquet

Et de sa fraîcheur s’imprégner.

Et de ses couleurs se gaver.
Ah ! combien riche alors j’étais !

Saisir l’instant.

Saisir l’instant à peine né

Et le bercer comme un enfant.

A quel moment ai-je cessé ?

Pourquoi ne puis-je… ?



Esther Granek, Je cours après mon ombre, 1981


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  Esther Granek est une poétesse belge du XXe siècle, peu connu du grand public. Né en 1927, elle vit actuellement en Israel depuis 1956. Elle a du fuir son pays suite à la persécution des Juifs lors de la seconde guerre Mondiale. 

"Conseil" T. De Banville

" Conseil"

          Juillet 1842.

Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !

Escalade la roche aux nobles altitudes.

Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,

Fuis les regrets amers que ton cœur savourait.


Dès l’heure éblouissante où le matin paraît,

Marche au hasard ; gravis les sentiers les plus rudes.

Va devant toi, baisé par l’air des solitudes,

Comme une biche en pleurs qu’on effaroucherait.


Cueille la fleur agreste au bord du précipice.

Regarde l’antre affreux que le lierre tapisse

Et le vol des oiseaux dans les chênes touffus.

Marche et prête l’oreille en tes sauvages courses ;

Car tout le bois frémit, plein de rythmes confus,

Et la Muse aux beaux yeux chante dans l’eau des sources.


Théodore de Banville, Les Cariatides (1842)

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  Thédore de Banville est un poète français ( 1823-1891 ), célèbre pour les Odes funambulesques et Les exilés, il est surnommé le poète du bonheur. Les cariatides est le premier recueil d'une longue série où il exprime la beauté de la nature romantique et la limpidité universelle du monde qui nous entoure. 

"Le ballet des heures" G. de Nerval

"Le ballet des heures"

Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses

Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour ;

Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses

Et ne les donner qu’à l’amour.

Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure,

Qu’au néant destructeur le temps vient de donner ;

Dans son rapide vol embrassez la meilleure,

Toujours celle qui va sonner.

Et retenez-la bien au gré de votre envie,

Comme le seul instant que votre âme rêva ;

Comme si le bonheur de la plus longue vie

Était dans l’heure qui s’en va.


Vous trouverez toujours, depuis l’heure première

Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois,

Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,

Les myrtes à l’ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;

Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,

Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines

Et donne l’oubli du passé.

Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie,

Savourez le regard qui vient de la beauté ;

Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie !

L’amour c’est l’immortalité !

Gérard de Nerval


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  Gérard de Nerval ( 1808-1855 ), est un poète français né le 22 mai 1808 à Paris et est décédé le 26 janvier 1855 dans la même ville. Sa poésie annonce la poésie moderne ainsi que la liberté insatiable des surréalistes

"Nous Verrons" F.R de Chateaubriand

          Paris, 1810.

Le passé n’est rien dans la vie,

Et le présent est moins encor :

C’est à l’avenir qu’on se fie

Pour nous donner joie et trésor.

Tout mortel dans ses voeux devance

Cet avenir où nous courons ;

Le bonheur est en espérance,

On vit, en disant : Nous verrons.



Mais cet avenir plein de charmes,

Qu’est-il lorsqu’il est arrivé ?

C’est le présent qui de nos larmes

Matin et soir est abreuvé !

Aussitôt que s’ouvre la scène

Qu’avec ardeur nous désirons,

On bâille, on la regarde à peine ;

On voit, en disant : Nous verrons.



Ce vieillard penche vers la terre ;

Il touche à ses derniers instants :
Y pense-t-il ? Non ; il espère
Vivre encor soixante et dix ans.

Un docteur, fort d’expérience,

Veut lui prouver que nous mourons :

Le vieillard rit de la sentence,

Et meurt en disant : Nous verrons.



Valère et Damis n’ont qu’une âme ;

C’est le modèle des amis.

Valère en un malheur réclame

La bourse et les soins de Damis :

” Je viens à vous, ami sincère,
Ou ce soir au fond des prisons…

Quoi ! ce soir même ? - Oui ! - Cher Valère,

Revenez demain : Nous verrons. “



Gare ! faites place aux carrosses

Où s’enfle l’orgueilleux manant
Qui jadis conduisait deux rosses
A trente sous, pour le passant.

Le peuple écrasé par la roue
Maudit l’enfant des Porcherons ;

Moi, du prince évitant la boue,

Je me range, et dis : Nous verrons.



Nous verrons est un mot magique

Qui sert dans tous les cas fâcheux :

Nous verrons, dit le politique ;

Nous verrons, dit le malheureux.
Les grands hommes de nos gazettes,

Les rois du jour, les fanfarons,

Les faux amis et les coquettes,

Tout cela vous dit : Nous verrons.


François-René de Chateaubriand, Poésies diverses. 

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  Chateaubriand est un écrivain, poète et homme politique. né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et mort à Paris en juillet 1848. Il est une figure centrale du romantisme français. 

"Mignonne, allons voir si la rose" P. De Ronsard

          A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoir desclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu ceste vesprée

Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautez laissé choir !

Ô vrayment marastre Nature,

Puis qu’une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vostre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez vostre jeunesse :

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard, Les Odes.
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  Pierre de Ronsard est un poète du XVIe siècle (1524-1585), il représente une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Il sera reconnu notamment grâce aux Odes, recueil imitant les poètes Antiques. Nous pouvons par ailleurs noter que le titre est identique au recueil d'Horace.